Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 435

avec un peu d’étourderie. Elle se compromit en quelques aventures politiques, lesquelles n’ont point ensemble assez d’accord pour qu’on soit tenté de coordonner en aucune manière, là-dessus, la doctrine de cette aimable femme. Après le général Moreau, elle apprécia le royaliste Jordan. Puis on la vit se rapprocher des libéraux. En fin de compte, et pour des motifs très divers, tumultueux, hasardeux même, elle s'installa dans lopposition. Au moment du sacre, Fouché, de la part de Napoléon, lui fit quelques avances d’amabilité : elle refusa de se réconcilier avec le maître formidable. Récamier dut en pâtir; it se ruina,

Juliette, qu'animaient sans doute l’exemp'e et le conseil de la véhémente Corinne, accepta résolument cette brusque fin de son opulence : elle l’accepta, pour son mari, sans murmurer, — et pour elle aussi.

De plus en plus, elle se rapprocha de cette exilée, Corinne. En 1817, elle est à Coppet et goûte cette compagnie éloquente.

Sur le lac Léman, par les beaux soirs d'automne où la lumière rayonne doucement, elle échangea, cette fois amoureuse, des serments d'amour éternel avec le prince Auguste de Prusse. Il lui donna un bracelet d’or et une chaîne qui portait un cœur de rubis, Et puis, ces beaux soirs d'automne s’éteignirent; et cet amour n’avait été que des fiançailles vaines.

Avant la quarantaine, elle n’aima que ce fiancé