Trois amies de Chateaubriand
MADAME RÉCAMIER 189
crois, fidèle — et, d’ailleurs, sans mérite — à la jeune et seule Eve que Dieu lui eût donnée.
Comment se terminèrent les amours de Chateaubriand et de Mme de C...? L’heureux éditeur de ces papiers galants ne nous le dit pas trop. L’une des dernières lettres qu’il cite — la dernière de celles qui tutoient Mme de C..., — est la suivante, datée du 24 avril 1824, — « samedi 24, en me levant », — bien mystérieuse et comme tragiquement elliptique « J'ai trouvé ton billet en rentrant à onze heures et demie. Il m’a fait un grand bien, mais il ne m’a pas complètement rassuré. S'il t’arrivait un accident, je ne me le pardonnerais de ma vie. Comment es-tu, ce matin? Cette tempête m’a bien fait faire des souhaits cette nuit. Si nous avions été au bord de la mer!.. » Ce qui n’est pas clair, dans cette lettre, laissons-le; aussi bien, ce n’est pas à nous que Chateaubriand l’écrivait. Le reste non plus. Mais, le reste, remarquons-le comme un signe de l'amitié qu’eut Chateaubriand pour la mer et pour la tempêtet,
Il avait l’âme romanesque; il était déraisonnable et magnifique.
Et il a écrit, dans Le Congrès de Vérone : « Souvent, on est plus agité d’une faiblesse secrète que du destin d’un empire. L'affaire légère est, au fond de l'âme, l'affaire sérieuse... Un royaume ne pèse nine vaut plus qu'un plaisir. » Souvenirs de 1823, souvenirs de Mme de C.…., chère dame qu’un instant
4. Voir l’ Appendice (H).