Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 311

son exemple comment peuvent coïncider une sorte de gravité quasi pédantesque et la frivolité la plus complète. Et Hortense n’était pas pédante ici, frivole là; non : mais, jusqu’en ses amours bien léoères, elle apportait un opiniâtre souci de la littérature, de même que ses livres d'histoire, de philosophie, de sociologie sont tous animés de son esprit futile. Hortense est comique, mais harmonieuse. Peu de temps avant de mourir, elle acheva un Timide essai sur la correspondance de Cicéron. Quel divertissement, pour la fin d’une vie qui avait été si bien ornée de fantaisie, de plaisanterie et de caprice! Hortense savait le latin : elle lui dut le dernier passe-temps de sa vie; d'autres personnes, qui ne vivent pas mieux qu’elle, ne songent pas à se ménager, pour le vieil âge, cette consolation. Ajoutons qu'Hortense Allart fut une excellente mère. Elle nourrit ses enfants de son lait, veilla sur leur éducation et s’occupa de les placert. Il semble que ce ne fut pas très commode. Hortense s’adressa aux Saint-Simoniens, ces grands idéoloques étant, comme il arrive, de fameux hommes d’affaires, capables de conduire une intrigue sans maladresse. Elle écrivit au Père Enfantin, lui raconta que Marcus était « très capable et instruit » et qu'il souhaitait un emploi de deux à trois mille franes au chemin de fer de Lyon. Et puis, ce fut Henri qui de-

4. Il y a, là-dessus, toute une série de lettres, qu’a publiée M. Pau BoNNEFoN, dans L'Amateur d’Autographes du mois de décembre 1908.