Trois amies de Chateaubriand

TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND 325

ce n’est pas seulement le corps et le souvenir de cette charmante amie qu’il enferma dans le tombeau de l’église romaine Saint-Louis-des-Français : non, ce n’est pas seulement sur elle qu’il pleurait, mais encore sur la fin d’un amour, ow, sur l’inévitable néant qui menace tout sentiment et qui bientôt en a raison. La tombe de Saint-Louis-des-Français enferma, pour le grand chagrin de René, Pauline de Beaumont et un amour de René, l'espoir d’un long amour, espoir qui serait mort même si Pauline de Beaumont avait vécu, et qui même était mort avant le trépas de cette jeune femme. Nous devrions toujours être en deuil de nous-mêmes, en deuil de nos pensées et de nos émois, en deuil de nos désirs et de leurs réalisations imparfaites. Si Pauline de Beaumont avait vécu, Chateaubriand ne l'aurait plus aimée; mais, vivante ou morte, il l'aurait toujours regrettée : je veux dire que jamais il ne se serait tout à fait consolé de ne l’aimer plus.

Entre ses nombreux et divers amours, il ne laissa pas beaucoup d'intervalle. À peine arrivait-il d’An/gleterre, où il avait aimé Charlotte [ves, le voici qui s’éprend de Pauline de Beaumont. Pauline de Beaumont vivait encore, l’'aimait encore et, moribonde, s’apprêtait à le suivre en Italie, le voici très amoureux de Delphine de Custine. Puis apparaissent, en foule moins successive que pressée, la comtesse de Noailles, la duchesse de Due ras, Juliette Récamier, la petite Mme Hamelin, Mme de C...; j'en passe, et des plus jolies, jusqu’à

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