Trois amies de Chateaubriand
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mis contre lesquels elle ne cesse pas d’être en lutte désespérée : ce sont l’espace et le temps. Le temps qui ne veut pas qu’elle s’installe dans sa félicité; le temps qui lui présente une image de mort sous une vaine apparence de jeunesse; le temps qui, à force de taquinerie continuelle, lui ferait préférer le refuge du souvenir au péril du bonheur actuel. Et espace, avec tout son attrait, toute sa nostalgie aussi; l'éloignement, l’horrible et infranchissable distance de ce qui aime à ce qui aime aussi; le regret, le désir inutile.
Ce qui distingue, classe et distribue le plus nettement en catégories différentes les esprits, c’est leur façon d’être à l’écard du temps, c’est leur vœu de vivre plus vite ou plus lentement, c’est inégale patience avec laquelle ils supportent la durée.
Un voluptueux tel que Chateaubriand ne la supporte pas du tout. La certitude qu’il a d’une destruetion prochaine lui corrompt ses plaisirs. La plainte de la mort emplit toute son œuvre. Et, cette mort qui le chagrine, ce n’est pas seulement sa mort à lui, sa mort promise et dont il calculerait les dates hypothétiques; ce n’est pas seulement la mort des êtres, leur disparition : c’est la mort des minutes, le vieillissement funèbre de tout, et enfin cette sorte de mort méticuleuse qu'est la frivolité.
Voyons-le dans ses amours. Sa ferveur est courte parce qu’il est frivole; mais 1l est frivole aussi parce qu'il sent que sa ferveur sera éteinte par la cendre du temps. Lorsque Pauline de Beaumont mourut,