Trois amies de Chateaubriand

31L TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

9 sont deux chiffres qui se ressemblent fort, on pourrait se demander si Mme Récamier n’a pas lu (sur le texte original qu’elle copiait) 1809 pour 1803 ». L'hypothèse est bien engageante, parce qu’ainsi nous aurions le texte premier des Mémoires. Mais il faut y renoncer. En effet, à la page 53 de l’Esquisse d’un maître, on lit : « Depuis l’exhortation du bénédictin, j’ai toujours rêvé le pèlerinage de Jérusalem et j'ai fini par l’accomplir. » Eh! bien, en 1803, Chateaubriand n’avait pas encore accompli le pèlerinage de Terre sainte : c’est le 4 octobre 1806 qu’il fit son entrée à Jérusalem. De sorte que l’ingénieuse conjecture de MM. Paiïlhès et Giraud doit être abandonnée. La lettre qu’adressa Chateaubriand à Joubert au mois de décembre 1803 n’en est pas moins valable, d’ailleurs. Et c’est bien à trente-cinq ans que Chateaubriand commença d’écrire ses mémoires. Cette rédaction première est perdue; mais elle a dû entrer, pour partie au moins, dans les rédactions ultérieures.

B (Page 39).

Toutefois, ce ne dut pas être en 1796. On lit, en effet, dans les lettres de Charles de Constant, à la date du 31 juillet 1796 : « J'ai revu Pulchérie de Valence; j'ai trouvé chez elle Mme de Canisy, si passionnément aimée d’Adrien de Lezay. Ils vont se marier. » (Les lettres de Charles de Constant, conservées à la Bibliothèque de Genève, ont été publiées dans la Nouvelle Revue rétrospective, pour partie au moins, en 1894, Le passage cité ici est à la page 174.) Et il est vrai que Paul-Adrien-François, marquis de Lezay-Marnesia, né le 40 août 1769, épousa en 1796 Françoise-Renée de Canisy.