Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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de retarder le plus possible, mais à laquelle il eût été absurde de prétendre se soustraire définitivement. À ces conditions, la maison Belhomme était assurément la meilleure résidence qu’on pût choisir en France en 1798.

Louis de Sainte-Aulaire y vit successivement arriver M°° la duchesse d'Orléans, le comte et la comtesse du Roure, dont il devait, quinze ans plus tard, épouser la petite-fille, les TalleyrandPérigord, les Choiseul-Gramont, les Rochechouart!, les Nicolaï? .. Cette noble compagnie était égayée par les plus jolies actrices du Théâtre-Français, les demoiselles Lange et Mézerai, qui ne pouvaient prendre au sérieux les périls auxquels elles se trouvaient si bizarrement associées et qui conservaient encore des adorateurs opulents. Tous les soirs, des voitures nombreuses stationnaient devant la porte de la prison ; dans l’intérieur on jouait, on riait et on faisait de la musique #. Les choses allèrent ainsi tant que les moyens pécuniaires ne

1. Bon nombre de détenus de la maison Belhomme se trouvaient probablement dans la situation du comte de Noyan, si l'on en juge par cette note des Mémoires de Mv° Roland : « M de Rochechouart a payé 80 000 livres à Fouquier-Tinville pour Mouy l'émigré. Fouquier a touché la somme ; Mouy a été exécuté, et M°° de Rochechouart a été prévenue que, si elle ouvrait la bouche, elle serait enfermée pour ne jamais revoir le jour. »

2. Registre d'Ecrou de la maison Belhomme. — Archives de la Préfecture de police.

3. Rapport de Latour-Lamontagne. — Archives de la Préfecture de police.