Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LALLIGAND-MORILLON 32

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Lalligand-Morillon, comme on peut penser, trouvait la vie bonne et la Révolution vraiment admirable. Depuis qu'il connaissait la manière de s'en servir et qu'il avait acquis le tour de main, son ambition ne voyait plus de bornes, et il s’ingéniait à chercher quelle récompense il pourrait bien réclamer à ce Gouvernement libéral qu’il servait avec tant d'ardeur:

Il avait dans son passé une peccadille assez gènante : nous n'avons fait qu'indiquer ce regrettable incident de son existence mouvementée, et le moment est venu de le préciser davantage.

Avant d’être employé par le Comité de Sûreté générale, Lalligand avait connu des jours pénibles. Réduit à la dure nécessité de travailler pour vivre, il avait choisi le métier qui lui avait semblé devoir être le plus rapidement productif et s'était établi faux monnayeur.

Retiré dans une maison de campagne au Mont, entre Paray et Digoin, mettant à profit son talent de graveur, il eut vite fabriqué des coins et un balancier, et il se mit à frapper des louis de pur cuivre qui valaient trois sols. Dénoncé et arrèté avec son père! et sa mère* qui l’assistaient dans

1. Louis-Henry-Alexandre Lalligand. 2, Pierrette Desert, femme Lalligand.