Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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son industrie, tous trois parvinrent à compromettre par leurs dénonciations un notaire de Paray du nom de Jacques Brigaud et un capitaine de dragons appelé Etienne Mainaud Delavante !. La procédure s'engagea : la femme Lalligand, le notaire et l'officier furent reconnus innocents et renvoyés des fins de la poursuite. Lalligand père et fils s'entendirent condamner, le 20 octobre 1791, à quinze ans de fer et à la confiscation du maté. riel saisi à la maison du Mont; s'entendirent est une façon de parler, car le Jugement fut prononcé par contumace, les deux bandits ayant, dès la veille, 19 octobre, cru prudent de s'échapper de leur cachot et de prendre la clef des champs. Un second arrêt se greffa sur le premier, concernant le bris de prison dont s'étaient rendus coupables les deux faux monnayeurs.

Tel était le péché de jeunesse dont le souvenir troublait Lalligand. Non point qu'il eût des remords, mais il pouvait se trouver des gens à préjugés dont l’étroitesse d'idées se serait offusquée de voir le Comité de Süreté générale déléguer son autorité à un échappé du bagne. Ce souvenir fàcheux ne l'avait point empêché, on l’a vu, d’obtenir les bonnes grâces de Danton, garde des sceaux de France, et de l’histrion Fabre d'Églantine, son

1. Archives nationales, W, 409.