Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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sœur et lui ont donné du poison à leur père ; la fille Dayot pourrait l'avoir fourni. Cela m'a été dit à Hédé, 23 mai !.

Révélation qui n’apportait aucune lumière et qui resta inexpliquée.

La séance, suspendue à deux heures, fut reprise à cinq heures du soir : on entendit Bazire, beau parleur, qui ne savait rien et l’exposa en termes choisis, ainsi qu'un « ci-devant noble », Kératry, qui n'en apprit pas davantage.

L'événement risquait de tourner à la confusion de l’accusateur public : cette affaire, autour de laquelle on avait mené un si grand bruit, ce vaste complot qui avait failli renverser la République, n'était établi sur aucun témoignage concluant, sur aucune dénonciation formelle. On disait hautement dans le publie que le procès ne serait pas continué; que Danton, le trouvant impolitique, exigeait qu’on en restât là: et que, d’ailleurs, aucune preuve ne pouvait être produite contre les prévenus. Cette pénurie des moyens de l'accusation s’expliquait ; du moment que ni Chévetel, ni Lalligand n'étaient appelés à déposer, on en était réduit à recueillir de vagues on-dit, ou des récits de seconde main, puisque pas un

1. Ces deux billets tracés en caractères contrefaits sont restés joints au dossier. — Archives nationales, W, 273.