Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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LE PROCÈS 359

gendarmes d'introduire les deux fils de la Guyomarais, Mr‘ de Virel et d’Allerac, David, les médecins Taburet et Morel, Micault-Mainville, la VigneDampierre, les deux Briot et le perruquier Le Petit. Pour ceux-là le verdict était favorable, et le Tribunal concluait à leur acquittement.

Les vingt-sept accusés attendaient dans la même salle depuis la veille au soir qu’on statuât sur leur sort. Quelle dut être pour eux cette interminable nuit! Le va-et-vient des guichetiers, une porte brusquement ouverte, le moindre bruit de la prison entretenaient leur anxiété. Quelsgroupes lamentables devaient former ces fils serrés contre leur mère, ces trois sœurs priant ensemble, ces malheureux torturés par l'incertitude, supputant leurs chances de vivre, se réconfortant l’un et l’autre, parvenant à échafauder des espérances tournées aussitôt en accès de désespoir. De toutes ces scènes tragiques qu'ont vues les cachots de la Conciergerie, l'attente du verdict restait peut-être la plus terrible. Et quand le petit jour commençait à poindre à travers les barreaux; quand la prison se réveillait, les malheureux secouaient la torpeur de la nuit, subissant malgré eux le réconfort qu’apporte l’aube, se raccrochant à la vie, jusqu’au moment où, d’une grille subitement poussée, surgissait la silhouette noire d’un huissier du Tribunal, accompagné de guichetiers, tenant au bout d’une courte