Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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de la France, obtint de lui la révocation des fonctionnaires qui lui déplaisaient et leur remplacement par quelques-unes de ses créatures. La Révolution, peu scrupuleuse décidément sur le choix de ses fonctionnaires, avait fait un juge de ce Brigaud, dont nous avons déjà cité le nom et qui avait comparu jadis, comme complice de Lalligand, devant le tribunal d’Autun, pour erime de fausse monnaie. Brigaud avait été acquitté, et Lalligand ne lui avait pas pardonné cette préférence de la justice.

À peine arrivé à Paray, il fit incarcérer ce magistrat et le remplaça de sa propre autorité « par un jeune homme de vingt-quatre ans, le seul de la commune qui eût des relations avec lui! ». Ayant de la sorte solidement assis son crédit, il fit savoir à ses concitoyens de Digoin, de Paray, de Charolles et autres lieux qu'il arrivait porteur d’une commission « l’autorisant à recueillir des renseignements sur les personnes suspectes et les émigrés réfugiés dans les montagnes du Beaujolais ?, » et, dès l’abord, il manifesta l'intention d’emprisonner un certain citoyen Deshaies, qui passait pour riche. Deshaies fit intercéder en sa faveur ;

1. Dénonciation de la Société populaire de Paray. — Archives nationales, W, 409.

2. La Société populaire et régénérée de Charolles aux citoyens représentants du Peuple. — Archives nationales, W, 409.