Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
CHÉVETEL GLORIFIÉ 391
Lalligand parla de sa conscience, de son devoir et aussi de sa trop grande bonté, qui confinait à la faiblesse. Bref, il demanda vingt mille livres pour prix de la liberté de Deshaies : on marchanda, on fit valoir « que ce jeune homme n'était pas en état de payer une somme aussi considérable », et l’austère représentant du Comité de Sûreté générale « voulut bien se réduire à six mille livres! ».
En peu de temps, notre homme obtint de la sorte plusieurs mises en liberté de suspects riches: chaque fois l'affaire se soldait pour lui par l'achat de quelque domaine « payé comptant suivant acte dressé chez le citoyen Duchène, notaire à Digoin ?». Il spécula de cette façon sur « les femmes Maublanc et Meyneaud, ex-nobles ? »; celle-ci était la femme du ci-devant président du Parlement de Bourgogne, lequel, comme bien on pense, était en prison. C'était là une belle tête à racheter, et Lalligand, à qui on en avait offert un bon prix, vint ingénieusement proposer à la Société populaire de Digoin de lui verser trente-deux mille livres si elle voulait l'aider à réclamer la liberté de cet honorable magistrat #.
4. L'agent national de Charolles au Comité de Süreté générale. 29 germinal an II. — Archives nationales, W, 409.
2. La Société populaire et régénérée de Charolles aux citoyens représentants du peuple. — Archives nationales, W, 409.
3. Idem.
4. Dénonciation de la Société populaire de Paray. — Archives nationales, W, 409.