Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
PREMIÈRES ANNÉES (1753-1778). 1
Là, sous le règne de Henri IV, un certain Trophime. de Launai, financier de profession, huguenot de religion, peut-être Suisse d’origine, épousa Marie de Cayres, dernière heritière des d'Antraigues, et recueillit leurs biens. et leur nom (1). Son fils Jacques laissa la réputation d'un tyranneau féodal, vrai « diable », au dire des paysans. En revanche son petit-fils servit avec honneur dans les. armées de Louis XIV, et en 1668”obtint l'érection de sa terre d’Antraigues en comté. Vers la fin de ce siècle, cette famille était rentrée dans l'Église catholique. En 1752, son chef, Jules-Alexandre, qui touchait à la: soixantaine, épousait une des filles de l'intendant du. Languedoc, Sophie de Saint-Priest, àgée de quinze ans. De ce mariage naquit à Montpellier, ie 25 décembre 1753, le personnage singulier dont on va lire la vie (2).
Louis d’Antraigues perdit son père avant d'arriver à l’âge d'homme, en 1765. Sa mère et son grand-père maternel achevèrent son éducation; son précepteur fut l'abbé Maydieu, chanoine de Troyes, qui à sa petite. place dans l'histoire littéraire provinciale comme auteur et traducteur (3). L'enfant compléta ses études à Paris, au collège d'Harcourt, et s'y imprégna, comme tous ses. contemporains, des enseignements de l'antiquité grecque
(1) Haac, France protestante, article Launai. Cf. le même ouvrage, t. V, p. 391-392; t. VI, p. 25; t. IX, p. 376. — « On ne peut rien assurer sur celte famille, écrit Chérin, avant 1596. » (Bibl. nat., Cabinet des titres.)
(2) Archives communales de Montpellier. Registres de la pa-. roisse Notre-Dame, GG. 271, £° 6.
(3) On a dit que l'abbé Maury avait été un de ses maîtres; mais : Maury n'avait que sept ans de plus que lui, et passa seulement quelque temps dans sa famille comme précepteur de sa jeune sœur, depuis Mme de Viennois. (Mme de Viennois à d'Antraigues, . L# juillet 1806. — B. D.)