Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE (1789-1790). 71
Depuis le mois de septembre 1789, on ne retrouve plus son nom parmi ceux des orafeurs de l’Assemblée. L'insuffisance de ses moyens, le prétexte de sa santé, peut-être aussi le dépit de n'être pas écouté, l’écartèrent de la tribune. Après les journées d'octobre, il demanda un passeport, à l'exemple de Mounier et des premiers constitutionnels : quand il l’eut en main, il se décida à attendre encore; il se reprenait à croire que l'Assemblée, venue à résipiscence, abrogerait ses premiers décrets. Toutefois il se réduisit dès lors au rôle de témoin; avec son opinion sur les mandats impératifs, il n'en pouvait plus guère tenir d'autre. Talleyrand avait proposé d’annuler ces mandats. Siceyès avait réclamé au moins pour les scrupuleux la liberté de s'abstenir dans les votes. D'Antraigues s’abstint, même sur le décret de confiscation des biens du clergé (1).
Sa nature lui défendait d’être inactif, absent des séances, il parut dans les comités. Au comité féodal, il soumit plusieurs mémoires destinés à atténuer la portée des décrets du 4 août, et à améliorer, surtout en Vivarais, la situation des possesseurs de fiefs. Il n’oubliait pas non plus qu’à la destruction des provinces le Vivarais gagnait son indépendance du Languedoc et une sorte d'autonomie; aussi se laissa-t-il nommer un des commissaires chargés d'organiser le département de l'Ardèche.
Au côté droit, où il ne siégeait plus que pour la forme, il fut mêlé à certaines intrigues parlementaires, et pratiqua pour son compte cette politique du pis-aller
(L) « Je reste ici sans y voter, mais je suis utile à nos assemsemblées languedociennes. » (D’Antraigues au notaire Vigne, 29 octobre [1789]. Comm. par M. Vaschalde.)