Un mémoire inédit de Francis d'Ivernois sur la situation politique à Genève audébut de 1791 ....
Ron —
sont pas, ne peut tarder d'être instructif pour les administrateurs. [ls sentiront qu'une autorité arbitraire. sans être redoutable, n'offre que des pièges à ceux qui l'exercent, et qu'il faut qu’elle soit limitée s'ils veulent se remuer librement dans son enceinte. Ils sentiront que depuis que les magistrats du peuple genevois conviennent qu'ils doivent être ses démagogues, et depuis que la France nous a dépassés en fait de démocratie, il n'ya qu'un seul moyen d'en arrêter le courant, c’est de lui creuser un lit bien garni de digues. c’est-à-dire d'assurer tellement au peuple ce qu'il doit désirer, qu'il n'existe aucun moyen de lui enlever ses prérogatives, et que le gouvernement puisse exercer les siennes sans pouvoir être soupçonné de les augmenter aux dépens de celles des autres. En un mot, ils sentiront que dans un petit Etat comme Genève où il n'existe aucun moyen de gêner l'opinion publique par la force, lorsque cette opinion y a pris son équilibre, les ressources du gouvernement pour faire prévaloir sa propre opinion sont précisément en raison inverse de l’étendue des ressources qu'il a pour braver l'opinion de la masse. Quand la magistrature de Genève sera convaincue de ce principe, quand elle l'envisagera comme un axiome, le moment sera arrivé d'établir un congrès de paix. Si ce congrès peut être établi par la force de la conviction et non par celle des choses, si ses délibérations sont conduites avec le même calme que dans la délégation à qui les Américains confièrent la régénération de leur constitution ‘, on peut en espérer les mêmes succès.
! Allusion au premier congrès fédéral des Etats-Unis, réuni en 1789, qui votera, après de longues discussions, la première revision constitutionnelle, le 15 décembre 1791.