Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

17/4 UN, REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE

conceplion fut reconnue au moment même où l'Union croate-hongroise commençait à perdre sa puissance attractive. L'unité des Serbes et des Groates devint l’idée fondamentale, le trait le’ plus caractéristique de l’esprit moderne chez les Croates, le point vital de leur vie nationale actuelle.

Pour mieux comprendre les faits qui vont suivre, il est indispensable d'indiquer brièvement pourquoi il peut être question d’une suprémalie croate sur le monde yougo-slave à l’époque où nous sommes arrivés, au moment où la conception du vieil Etat croate dut faire place à celle d’un Etat national. L'année 1848 marque la séparation entre les deux périodes. À ce moment, les Croates étaient à tous égards en avance sur le reste des Slaves du Sud, l’organisation politique primitivement instituée chez les Serbes s'était encore à peine transformée en un véritable Etat. Les Croates étaient alors les seuls Yougo-Slaves possédant à la fois une aristocratie et une classe moyenne; ils étaient les seuls YougoSlaves qui pouvaient, en jetant un coup d'œil en arrière, contempler une histoire administrative ininterrompue, les seuls chez lesquels toutes les classes de la vie sociale étaient également développées. Les Croates formaient une nation possédant des traditions politiques, intellectuelles et sociales nuancées de certaines tendances aristocratiques.

C’est surtout au point de vue économique que l’année r848 marque un tournant dans l’histoire de la Croatie. Les réformes agraires amenèrent à leur suite une révolution économique qui fut fatale aux destinées de la grande aristocratie seigneuriale et surtout à la noblesse rurale. En outre, la nouvelle constitution centralisatrice des Comtés ne pouvait pas manquer de briser le prestige politique de l’aristocratie dans les assemblées de Comtés. D'autre part, la ruine financière de l'aristocratie entraîna dans la vie publique une démoralisation profonde; mais le résultat le plus important de cet événement économique fut de démocra-

-tiser complètement toutes les conditions sociales, et surtout les conditions politiques. Les Croates avaient été jusqu'alors