Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes
88 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE
nes, et de l'opinion publique dans ce pays : les défaites subies sur les champs de bataille n’éveillèrent dans les différentes classes sociales de Ja nation que des sentiments de satisfaction en faveur de la liberté politique et du sentiment national. Les mémoires de Joseph Vosnjak contiennent une phrase intéressante sur l'impression produite par la défaite de Magenta : « Personne, disent-ils, ne fut attristé par la défaite de notre armée, parce que nous espérions que le régime absoluliste allait maintenant prendre fin » (x). Un el état d'esprit révélait certainement une situation détesiable du corps politique; or, si nous considérons la situation actuelle de l'Autriche, force nous est d’avouer que ces mots sont aussi exacts que s'ils avaient été écrits hier.
L'année 1860 fut le grand tournant de la vie politique slovène. C’est alors que la masse du peuple entra dans la lutte. Seule jusqu'alors, une petite minorité d’intellectuels s'était occupée de politique; mais, à ce moment, les idées politiques nouvelles se répandirent dans les masses. Les événements de 1848 avaient montré combien novice et inexpérimentée était encore l’organisation politique des Sloyènes. Ceux-ci surent désormais comment s'organiser et comment lutter. Un souffle d'enthousiasme confiant passa sur fous les pays sloyènes; il sembla qu'elles allaient alors heureusement renaître ( ces belles et ardentes années au cours desquelles la jeune Illyrie, pleine d’une ferveur romantique, proclamait avec la lyre et avec l'épée ses aspirations nationales ». Mais des temps plus pratiques étaient venus. Les hommes visaient à des résultats politiques plus tangibles; au lieu de lutter pour la grande pensée de l’unité yougo-slave, ils cherchaient à jeter les bases d’une plus grande prospérité nationale pour les Sloyènes. :
Fédéralisme el centralisation, voilà les deux principes opposés qui, au total, rendirent extrêmement confuse la politique intérieure de l'Autriche en matière de Constitution.
(x), D: Joseph Vosniar : Spomini (Mémoires), EI; p.64: