Variétés révolutionnaires

100 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

qui nous montre la comtesse nue, se levant du lit pour signer un acte de vente présenté par son notaire M° Le Pot, d'Auteuil, et se faisant chausser ses pantoufles par le nonce du pape et le cardinal de la Roche-Aymon. Or, à la date où l’on place cette scène grivoise, les minutes de M° Le Pot ne contiennent aucun acte relatif à madame Du Barry; M. de la Roche-Aymon n'était pas cardinal, et la dignité de son caractère, la confiance que lui accorda plus tard Louis XVI sufliraient à rendre invraisemblable cette aventure si on ne savait déjà que l’ancienne pensionnaire du couvent de Sainte-Aure, justement pour ne pas donner prise à la critique, était d'une correction de tenue trop rare à la cour.

Ses ennemis ont voulu aussi faire peser sur elle la responsabilité d'une des plus lourdes fautes de la politique française au siècle dernier : le partage de la Pologne. De nombreuses légendes ont couru à ce sujet et sont encore admises comme paroles d'Évangile. Il faudrait d'abord, pour leur donner quelque apparence de raison, établir que madame Du Barry s'est occupée de politique. Or, si on l’a souvent dit, on a toujours négligé de le prouver. On prête à Louis XV, à propos du premier partage de la Pologne, ce mot : « Si Choiseul avait été là, cela ne serait pas arrivé. » Ce mot ne supporte pas l'examen. En effet, comment Choiseul, dévoué jusqu'à la servilité à la politique autrichienne, eût-il pu s'opposer au partage de la Pologne, le rêve de Marie-Thérèse, de cette princesse que Frédéric IT