Variétés révolutionnaires

104 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

d'abord très prévenue contre l’ancienne favorite, apprécia bientôt les qualités de sa pensionnaire. Jelle-ci, de son côté, n’oublia pas les bons procédés de sa gardienne. Dix-huit ans plus tard, sous la Terreur, la châtelaine de Louveciennes recueillait et sauvait le neveu de l’abbessedu Pont-aux-Dames, l'abbé de La Roche-Fontenille.

Au bout d'un an, Maurepas, le chef du premier cabinet de Louis XVI, oncle de la duchesse d'Aiguillon, prit une mesure gracieuse en faveur de madame Du Barry. Il lui rendit la liberté, en lui interdisant seulement le séjour de Versailles, de Paris et du territoire compris dans un rayon de dix lieues autour de la capitale. C'était le bannissement après la reclusion. En avril 1775, madame Du Barry acheta pour 100,000 livres le château de Saint-Vrain, près d’Arpajon, et reprit sa haute vie de réceptions et de représentation; elle y accrut encore son renom d'infatigable charité. Aussi la reine Marie-Antoinette, dans sa haine jalouse pour une femme qui ne lui avait jamais fait de mal, s'emportait-elle contre le duc d'Aïguillon, qui venait à Versailles prendre ses ordres, lui disant qu'il ferait mieux d'aller prendre des ordres à Saint-Vrain (1). En octobre, pendant un voyage de la cour à Fontainebleau, on autorisa madame Du Barry à venir à Louveciennes pour quelques jours. C’est à ce moment que Choiseul faisait publier par Mayrobert

(1) Mémoires de Bellevat, 20 mai 1771,