Variétés révolutionnaires

LA VRAIE DU BARRY 105

les Anecdotes, lâche vengeance contre une femme sans défense. À la fin d'octobre 1776, l'ancienne favorite, à qui le séjour de Saint-Vrain devenait lourd, autorisée à rentrer à Louveciennes s’y installa définitivement. Sa fortune s'élevait à 140,000 livres de rente viagères, plus de deux millions de bijoux, de tableaux, de statues et d'objets d'art ; fortune relativement médiocre pour une femme qui cinq ans durant avait eu la liberté de puiser à pleines mains dans le Trésor public.

Au printemps de 1777, Joseph IT, empereur d’Allemagne, vint voir la reine sa sœur, et visiter Paris, sous le nom de prince de Falkenstein. Une de ses premières visites fut pour la Du Barry, avec qui il causa deux heures, et qu'il quitta très satisfait. Cette politesse de son frère excita au plus haut point la mauvaise humeur de Marie-Antoinette, toujours haineuse et vindicative, d'autant plus que Joseph, malgré les prières de sa sœur et les suggestions des tantes du roi, refusa de s'occuper de la rentrée de Choiseul aux affaires.

Madame Du Barry vivait paisible dans son élégante retraite de Louveciennes. L'amour, qu’elle n'avait probablement jamais connu au temps de ses Splendeurs, la consola de son isolement. Un gentilhomme anglais, Henry Seymour, de la famille des ducs de Sommerset, avait acheté une villa à Prunay, près de Marly. C'était un homme aimable, un superbe cavalier ; il avait cinquante ans, mais au siècle dernier l'usage de la poudre supprimait