Variétés révolutionnaires

FT

110 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

après la lecture de l'arrêt, et contre-signée par les juges. Mais elle n'y dénonce personne, et indique seulement l'endroit ou étaient cachés certains de ses bijoux dans la maison ou le jardin de Louveciennes.

L'exécution eut lieu le lendemain, 3 décembre. Tous les historiens sont d'accord pour dire que Mme Du Barry montra beaucoup de faiblesse, qu'elle se débattit et même chercha à attendrir le bourreau. Cependant, aucun témoin oculaire digne de foi ne l’atteste. La maîtresse de Louis XV avait fait preuve d'un grand sang-froid dans son interrogatoire. ILest peu vraisemblable qu’elle ait montré, sur l’échafaud, moins de courage que la moyenne des condamnées.

I1 faut bien le reconnaitre, il ne reste rien ou presque rien de la légende commencée par Choiseul, Mayrobert, Morande, et continuée depuis par tant d’autres, car les royalistes ont voulu faire de Jeanne Bécu la victime expiatoire chargée de toutes les hontes de la monarchie, et que les patriotes se sont servis de son nom comme d’une machine de guerre contre la royauté. Certes, la qualité de favorite d'un souverain est fort répréhensible au point de vue de la morale. Mais avant la Révolution il est bien peu de familles nobles qui n’eussent souhaité d’avoir l'occasion de bénéficier de cette honte : les maîtresses des rois de France n'appartenaient généralement pas à la roture.

Il faut se placer, quand on examine l'histoire, au même point de vue que les contemporains. Or,