Variétés révolutionnaires

118 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

vis-à-vis la rue de Castiglione, au point où l’on a récemment placé une plaque commémorative (1). Le public n'y disposait plus que de cinq ou six cents places, mais de la terrasse des Feuillants, par les fenêtres ouvertes, la foule pouvait entendre des lambeaux de discussion.

Il est bon de noter, pour expliquer le désordre de certaines séances, que l’Assemblée refusa d'abord de se donner un règlement. Le président, habituellement un des doyens d'âge, avait peine à maintenir l'ordre; les dispositions réglementaires ne furent adoptées que peu à peu, sous la pression des circonstances. Enfin, ce qui ne contribuait pas peu à rendre les délibérations confuses, il n'y avait pas de groupes nettement dessinés. On se vantait volontiers de n’appartenir à aucun. Pour fixer les grandes lignes de son travail, M. Aulard a précisé les classements incomplets donnés par M"° de Staël dans ses Considérations et par A. de Lameth dans son Histoire de la Constituante. Il indique six grandes fractions : droite absolutiste et droite modérée, centre droit (impartiaux) et centre gauche (patriotes de 1789), gauche et extrême gauche [les premiers jacobins du club Breton et les jacobins purs), laissant en première ligne et en dehors Mirabeau, qui formait à lui seul comme un parti dans l'Assemblée, isolé à la fois par sa mauvaise renommée et par son génie.

(1) On sait que la Convention s'installa au théâtre des Tuileries le 10 mai 1793 seulement.