Variétés révolutionnaires

120 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

comité autrichien, le mauvais génie du tribun, le tentateur placé à ses côtés par le parti de la cour. Aussi trouverait-on difficilement chez Mirabeau des vues politiques précises et unes. Dominé par des passions contradictoires, prodigieux à la tribune avec sa voix pleine, mâle, retentissante, sa gravité tragique, son masque dont il disait : « On ne connait pas toute la puissance de ma laideur », avec son idée fixe de diriger officiellement la politique royale, son mépris de Necker, le ministre en place, et des autres membres du cabinet, «animalcules imperceptibles essayant de jouer un rôle sur un vaste théâtre », Mirabeau, trainant au pied le boulet de son passé, n'eut jamais sur la Constituante d'autorité morale. Pourtant, quels efforts dépensés pour conquérir cette autorité, dans ses discours sur les émigrés; sur le drapeau tricolore, dans celui des 20 et 22 mai 1790 sur le droit de guerre et de paix, où il se fit battre par Barnave en essayantde sauvegarder la prérogative royale ! Il faut pour se rendre compte de la manière de l’éloquent tribun relire le discours du 26 septembre 1789, où, voulant appuyer les plans financiers de Necker, qui proposait un impôt provisoire de?5 % sur le revenu, il évoquait le spectre de la « hideuse banqueroute ». Ce morceau est le plus connu de tout l'œuvre de Mirabeau; il n’est pas exempt d'emphase et pèche parfois par excès de rhétorique, ainsi que la fameuse apostrophe aux Gracques et à Marius. Nous préférons le discours du ? octobre 1790 où plaidant pro