Variétés révolutionnaires

LES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE 121

domo sua, il se défend avec une réelle indignation d'avoir pris part aux journées des 5 et 6 octobre. Du reste, il ne fut jamais mieux inspiré que par l'obligation de se mettre en cause lui-même, et on peut citer comme un modèle de noblesse et d'élévation sa réplique du 22 mai 1790 dans la discussion du droit de paix et de guerre : « Et moi aussi, on voulait, il y a peu de jours, me porter en triomphe ; et maintenant on crie dans les rues la grande trahison du comte de Mirabeau! Je n'avais pas besoin de cette leçon pour savoir qu'il est peu de distance du Capitole à la roche Tarpéienne ; mais l'homme qui combat pour la raison, pour la patrie, ne se tient pas pour vaincu... Que ceux qui prophétisaient mon opinion sans la connaître m'accusent d’encenser des idoles impuissantes au moment où elles sont renversées... ; qu'ils dénoncent comme un ennemi de la Révolution celui qui peut-être n’y a pas été inutile ; qu'ils livrent aux fureurs du peuple trompé celui qui depuis vingtans combat toutes les oppressions.., que m'importe ? les coups de bas en haut ne m'arréteront pas dans ma carrière. »

Nous n'avons ni l'intention ni le loisir de refaire ici l'histoire politique de Mirabeau; mais il est intéressant d'élucider avec M. Aulard un point délicat de son histoire littéraire ét de rechercher la part des collaborateurs dans l’œuvre du leader de la Constituante. Cette part fut évidemment très large : M. Aulard cite dix-huit grands discours écrits d’un bout à l'autre par la plume de secrétaires, presque