Variétés révolutionnaires

LES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE 123

abus : semblables en cela aux journalistes du parti de la cour, les aristocrates de l’Assemblée songèrent surtout à insulter grossièrement leurs adversaires et à faire du scandale à tout propos. L'un des principaux orateurs était du reste un journaliste, Mirabeau cadet, Mirabeau-Tonneau, le collaborateur des Actes des Apôtres, le rédacteur des Diners et de la Lanterne magique; ce pamphlétaire raffiné, ce faiseur de petits vers, voulant lutter d’éloquence avec son frère, se donna le ridicule de prononcer à la tribune de longs discours qui eurent moins de succès que ses réparties cyniques ; il rendit à son glorieux aîné le double service de le faire paraitre, par comparaison, et plus éloquent et moins dissolu:

À côté de Mirabeau-Tonneau, le dépassant par son cynisme et sa mauvaise tenue, l'abbé Maury, fils d'un cordonnier du comtat Venaissin, prit en main la défense de l’ancien régime contre la Révolution qui lui enlevait d'opulents bénéfices. Ce méridional tout en dehors, éloquent, intempérant, faisait volontiers des incongruités à la tribune, boxant avec les députés "qui voulaient l'y remplacer, insultant le président et témoignant à la majorité son dédain par des gestes ultranaturaliste. Quant aux mœurs du prélat, ses amis des Actes des Apôtres nous en parlent en termes qu’on ne saurait reproduire; tout le monde connaît le « Passe, salope! » adressé par lui en pleine terrasse des Feuillants au duc d'Aiguillon. À côté de ses ridi-