Variétés révolutionnaires

124 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

cules et de ses vices, Maury montra souvent de réelles qualités oratoires, en particulier dans les questions de finances, comme dans son discours sur les biens du clergé, où l’on remarque une éloquente péroraison contre les agioteurs, et dans celui sur les assignats. Mais Maury ne se renfermait pas dans une spécialité ; la noblesse comptait trop peu d'orateurs pour que le fils du cordonnier de Valréas ne fut pas souvent sur la brèche; il s’y maintint toujours avec une ténacité passionnée, plein de dédain pour le peuple, des rangs duquel il était sorti.

Maury, dans le parti noir, avait un rival qu'il poursuivit toujours de son envie et de sa haine, Cazalès, fils d’un magistrat de Toulouse, à peine noble, et par ce motif jalousé par la noblesse, qui organisa contre lui la conspiration du silence. Cazalès était le vrai chef du parti royaliste ; chevaleresque, instruit, éloquent, simple et loyal, avec des manières presque aussi débraillées que celles du vicomte de Mirabeau, il dominait de haut les nullités intrigantes de la droite. On lui fit payer cher cette supériorité. Il voulait rajeunir la monarchie en remettant en vigueur les vieilles institutions ; son idéal était un intermédiaire entre le régime absolutiste et le régime parlementaire. Cazalès prit souvent la parole et s'imposa toujours à l’attention de l'Assemblée par ses qualités brillantes et solides. Il se distingua particulièrement dans les débats relatifs au parlement de Rennes et