Variétés révolutionnaires

130 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

les hagiographes) de Robespierre ont cherché à expliquer son caractère en rappelant la tristesse besogneuse de ses premières années. Ils ont beaucoup chargé les couleurs : boursier à Louis-leGrand, ensuite attaché au barreau de sa ville natale, poète lauréat des Académies d'Arras et de Metz, député du tiers état d'Artois à trente et un ans, mis au-dessus du besoin par l'indemnité parlementaire, d’un taux considérable pour l’époque, l’ancien condisciple de Camille Desmoulins aurait eu mauvaise grâce à maudire la destinée. Ilest vrai que ses premières apparitions à la tribune ne furent pas heureuses et que la petite presse royaliste fit au membre de l'Académie d'Arras quelques avanies dures à son amour-propre : les Actes citèrent un madrigal de lui, digne d'aller rejoindre au cabinet le sonnet d'Oronte, madrigal qui, suivant Rivarol, « avait fait le désespoir de la vieillesse de Voltaire ». Mais l'obstination laborieuse de Robespierre triompha de toutes les railleries ; il se défit peu à peu de son style de province, de ses allures gauches et pédantes, et finit, à force de persévérance, par gagner l'oreille de l'Assemblée. On sait qu'il fit voter le funeste décret interdisant l'élection des constituants à la Législative, Grâce à cette mesure, l’orateur des jacobins, ayant une tribune à lui et un public, se réservait de ruiner l'autorité de ses collègues réduits au silence.

Robespierre monta souvent à la tribune, parlant indéfiniment sur toutes les questions, sur la loi