Variétés révolutionnaires

LES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE 131

martiale comme sur les affaires de Toulouse. On sent qu'il voulait s'imposer, et on voit dès ses premiers discours les procédés oratoires qu'il devait plus tard employer avec tant d'habileté à la Convention, théories métaphysiques, thèses de droit pur avec une sécheresse emphatique, déguisant mal le parti pris de combattre toutes les réformes comme trop peu radicales et d'excuser tous les excès de la violence populaire : avec un peu d'attention, on trouve dans le petit avocat d'Arras des premières séances des états généraux, assoiffé d'ambition, impatient de l'obscurité, surexcité par la crainte du ridicule, les traits saillants de l'homme

politique dont la domination fut, trois ans plus tard,

si lourde pour la France.

Il faut remeicier M. Aulard d'avoir fait repasser sous nos yeux les orateurs de l'Assemblée constituante. C’est une leçon de littérature doublée d'une lecon d'histoire. Au point de vue littéraire, on peut dire que le jeune professeur à la Faculté des lettres de Poitiers a largement contribué à rendre justice aux hommes qui inaugurèrent la parole publique dans notre pays. Une réaction haineuse s'était acharnée sur la mémoire de ces patriotes, envoyés aux états généraux, suivant le mot significatif des Cahiers du tiers état de Toul « pour refrapper la monnaie de l'honneur national » ;