Variétés révolutionnaires

140 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

cord avec la lie de la population. Cette accusation est vieille de quatre-vingt-dix ans: les agents de Garat en tiraient déjà un excellent parti: ce sont des étrangers qui ont fait le 10 août. Le bureau central cherchait à se rendre compte du nombre des révolutionnaires militants. D’après les rapports, ce groupe violent (composé, comme nous venons de le découvrir, en grande partie d'agitateurs venus de par delà les frontières) n’était pas de dix mille hommes, il s'abaissa jusqu'au vingtième et même jusqu'au trentième de la population parisienne. Cette imperceptible minorité aurait fait toutes Les journées révolutionnaires. Rien ne parait moins vraisemblable. Le peuple ne marche qu'à son heure et, quoi qu'on en dise, ce ne sont pas quelques tapageurs, toujours très ménagers de leur personne, qui peuvent l’entraîner malgré lui.

L'observateur Dutard avait une idée fixe dont M. Schmidt a hérité. Cette idée consistait à prétendre qu'il n’y avait pas de majorité électorale républicaine à Paris pendant la Révolution. Il citait à l'appui de son dire, dans ses rapports à Garat, le chiffre de votants dans les élections municipales, chiffre peu considérable si on le compare à celui des électeurs inscrits. L’argument peut paraitre sérieux au premier abord, mais après réflexion il ne conserve aucune valeur. En effet, l'expérience prouve tous les jours que c’est précisément dans les circonscriptions où les républicains ont la presque unanimité que, sûrs du résultat du