Variétés révolutionnaires

UN HISTORIEN ALLEMAND 141

scrutin, ils dédaignent trop souvent d'aller aux urnes. Lorsqu'au contraire ils croient les institutions démocratiques menacées, ils savent bien s'intéresser à la lutte. Les adversaires de la République n’ont pas la même énergie; ils ne l'avaient pas davantage autrefois, puisque l'agent Dutard, à la chute de la Gironde, disait à son ministre que sur cinquante mille modérés Parisiens (modérés est un euphémisme synonyme de royaliste) on n’en trouverait pas cinq cents assez courageux pour manifester leur opinion.

M. Schmidt essaie de démontrer que le grand mouvement révolutionnaire était une agitation factice, provoquée par quelques meneurs. Autant vaudrait dire que la brise provoque le flux et le reflux de l'Océan. Certes, il y avait à Paris en 1789, comme de tout temps, un trop grand nombre de gens sans aveu, intéressés au désordre ; sans doute des excès furent commis et Mirabeau avait raison de faire dénoncer par le conseil général de Paris, dans son adresse à l'Assemblée nationale, à la fin de février 1791, « les factieux qui persuadent au peuple qu'il doit agir par lui-même et comme s’il était sans lois et sans magistrats ». Mais on ne saurait juger l’ensemble des acteurs du drame révolutionnaire d'après quelques infimes comparses sans autorité et sans moralité. L’historien allemand en quête d’agitateurs s’appesantit sur le rôle des cafés politiques et des clubs. Il accompagne aux Séances des jacobins et des cordeliers les obser-