Variétés révolutionnaires

UN HISTORIEN ALLEMAND 145 à peine échappés de roture, daignèrent un seul moment se dire gouvernementaux; ils soutinrent le ministère girondin, mais après le 31 mai ils rentrèrent dans l'opposition. Très circonspects sous la Terreur, ils mirent toutes voiles dehors une fois le danger passé; dès le 10 thermidor, ces braves emplirent Paris du bruit de leur vaillance et coururent sus aux vaincus, guidés bientôt par Fréron, l’ancien orateur du peuple, tombé à ce niveau de bassesse par la haine des jacobins. Fréron fut un moment le roi de Paris, trônant avec les muscadins oublieux de leurs préventions contre lui, au café des Canonniers, l’ancien café de Chartres débaptisé. Ce fut le beau temps de la jeunesse dorée, celui de la chasse aux jacobins et aux jacobines, tâche à la hauteur de tous les courages, passe-temps de gens devenus féroces parce qu'ils avaient été lâches. Il fallait voir cette fière jeunesse s’ameutant au Palais-Royal pour insulter devant leur boutique Louvet et sa femme Lodoïska. I fallait l'entendre cabaler dans les théâtres en faveur de pièces contre-révolutionnaires et entonner le « Réveil du peuple », la Marseillaise de la réaction. Aux Variétés, les muscadins applaudissaient chaque soir un assez plat vaudeville d'Hector Chaussier et de Martinville, le Concert de la rue Feycdeau et bissaient avec. frénésie ce couplet final :

Lorsqu'on voudra dans la France Peindre des monstres destructeurs,

MARCELLIN PELLET 9