Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 200

rôle dans une famille de comédiens où il jouait le libéral, au demeurant peu serupuleux dans le choix des moyens de parvenir ; énergique par occasion comme au 18 brumaire, mais trop indolent, trop indiscipliné surtout pour remettre à son terrible frère le soin de sa fortune en lui sacrifiant son libre arbitre, c'est un témoin curieux à consulter. Il faudrait pourtant se garder de trop prendre au sérieux ses velléités d'opposition et ses professions de foi républicaines. Ce fut un irrégulier qui aimait à se faire traiter d’altesse ; au fond, un déclassé.

Nous avons déjà longuement parlé de l'origine des Bonaparte et de la carrière besoigneuse de Charles, toujours perdu de dettes, rallié dès la première minute aux envahisseurs de la Corse et poussé dans le monde grâce à la beauté de sa femme et au crédit de leur ami commun M. de Marbeuf. Lorsque cet excellent père de famille, dévoué aux siens au point d'en obséder ses protecteurs les plus patients, fut désigné par Marbeuf comme député de la noblesse corse en 1777, son troisième fils, Lucien n'avait que deux ans. Charles passa en France à la fin de 1778 avec ses deux aînés Joseph et Napoléon, pour lesquels il avait obtenu des bourses au collèse d'Autun, laissant Lucien auprès de sa mère, avec Fesch, frère utérin de Lætitia Ramolino et fils