Variétés révolutionnaires

300 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

d'un officier du régiment suisse de Boccard. En 1781, Lucien bénéficia à son tour d'une bourse au même collège, et sa mère le confia, pour le conduire en France, au jeune abbé Fesch, « frais sinon comme une rose, tout au moins comme une rave de bonne qualité, d'excellent appétit, vrai fils de Suisse, buvant sec ». Joseph était encore à Autun, mais Napoléon venait de passer à l’école de Brienne. Trois ans après, Lucien rejoignait à Brienne son frère, « qui n'avait, dit-il, rien d'aimable dans les manières, ni pour moi, ni pour les autres camarades de son âge ». Bientôt le fils favori de Lætitia se trouvait doublement isolé par le départ de Napoléon et par la mort de son père. Cette mort renversa les projets de la famille. Il fut décidé en conseil que Lucien, au lieu d'embrasser la carrière des armes entrerait dans les ordres, on l'envoya au séminaire d'Aix. Mais la détresse croissante des Bonaparte privés de leur chef le fit rappeler au foyer paternel pour continuer ses études ecclésiastiques à Ajaccio,auprès de son oncle l'archidiacre.

Lucien avec sa versatilité habituelle, renonça bientôt à la robe. Il fut encouragé dans ce dessein par son frère le lieutenant d'artillerie, toujours en congé plus où moins régulier, en demi-désertion. Lucien, dans cette première partie de ses Mémoires, parle peu de Napoléon et de ses étranges occupations, pas plus de la fameuse lettre à Buttafuoco que de la tentative insurrectionnelle du 25 juin ‘1790 sur la citadelle d'Ajaccio. Mais un grand