Variétés révolutionnaires

302 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES quer. Lucien, poussé par sa mère et ses frères, écrivit à son maitre une lettre de démission et d'adieu. Menacé, lui et les siens, par la vengeance des paolistes, il quitta l’île le 11 juin 1793, avec sa famille, acceptant d'être envoyé en mission par la Société populaire d'Ajaccio pour demander à la Société populaire de Marseille et au besoin aux Jacobins de Paris, du secours contre les amis de Paoli et contre les Anglais leurs nouveaux alliés. Nous voici arrivés à un des passages les plus étranges des Mémoires de Lucien. D’après ses souvenirs, il débarque à Marseille, prononce au club un discours éloquent et remporte un succès d’enthousiasme ; il dépeint la grande cité avec abondance de détails pris sur le vif, il nous introduit dans les cafés de la Canebière et nous montre avec horreur la foule s'empressant sur la place où l’on guillotine les royalistes. Le tableau est saisissant: il n'a qu'un tort, c’est d'être une imagination pure. Depuis le 8 mai, Marseille était aux mains des royalistes ; donc on ne les y guillotinait pas le 15 juin. Ce n'est du reste pas à Marseille, mais à Toulon, que débarquèrent tous les membres de la famille Bonaparte, y compris Lucien et Fesch. Une lettre de Joseph, à la date du 13 juin, ne laisse aucun doute à cet égard, Ce chapitre des mémoires est un simple roman. Napoléon, promu bientôt au grade de général, rejoignit à Nice l'armée d'Italie ; par la faveur de Salicetti, Joseph était nommé commissaire des guerres, sur la présentation des états de service de