Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 303

son frère, qu'il s’attribua impudemment en changeant les prénoms. Fesch dépouillant la robe était envoyé comme garde-magasin des subsistances à Beausset, grâce à la protection du général Carteaux, obtenue on ne sait par quel moyen. Lucien allait s'installer, aussi avec le titre de garde-magasin, à Marathon, ci-devant Saint-Maximin, département du Var, aux appointements de cent francs par mois.

Lucien affublé du prénom de Brutus, s’occupa surtout à discourir au club de Marathon, où il conquit le fauteuil de la présidence, et à jouer la tragédie sur un théâtre de société. Pour s'assurer le vivre et le couvert il épousa Catherine Boyer, sœur de l'aubergiste du village. Comme il n’avait en réalité que dix-huit ans, il se servit devant l'officier de l’état civil de l’acte de naissance de son frère Joseph, présumé né à Ajaccio le 21 mai 1768.

Lucien, dans ses Mémoires, néglige de parler de sen mariage un peu trop plébéien. Après le 9 thermidor, se voyant peu en sûreté à Marathon, où, en dépit de ses prétentions à un rôle pacificateur, il avait sensiblement molesté les aristocrates, il se fit nommer par l'intermédiaire de Salicetti inspecteur des charrois à Saint-Chamant, près de Cette. Un jeune royaliste de St-Maximin, Rey, dont il avait emprisonné leS parents sous la Terreur, vint l'arrêter à sa nouvelle résidence et le conduisit aux prisons d'Aix (juillet 1795). Lucien y passa une quinzaine de jours dans les larmes, fati-