Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE ñ 305

collaborateur, sur cette femme « qui n'a jamais été belle, plus que sur le retour », très bonne « quand ses actes de bonté ne lui coûtaient aucun sacrifice.…., ayant peu, fort peu d'esprit ». Mais dans les salons de Barras et de Mme Tallien, Lucien perdait la tôte. Son frère se débarrassa de lui en le faisant nommer, malgré son âge (il n'avait que vingt ans), commissaire des guerres, toujours avec le fameux acte de naissance de 1768, et les états de service de Joseph, états de service faux, comme nous l'avons dit plus haut. Hne faut pas attacherune trop grande importance aux Mémoires, qui ne disent pas tout. Ainsi, Lucien, obligé, à la suite de quelques extravagances, de rejoindre l'armée du Nord, rebuté au bout d'un mois, par un métier auquel ilne comprenaitrien, déserta pour rejoindre Napoléon à l'armée d'Italie. Celui-ci, qui venait d'épouser Joséphine, voulut bien ne pas faire traduire son frère en conseil de guerre, mais il le renvoya de son quartier général assez rudement (juin 1796). Lucien s'arrêta à Marseille, où Pauline et Fréron filaient en ce moment le parfait amour, en attendant un mariage qui n'aboutit pas par suite de l'opposition de Bonaparte. Stanislas Fréron connaissait trop le passé jacobin du général; il l'avait vu trop plat et trop servile auprès des deux Robespierre. Ce témoin pouvait être compromettant. La belle Paulette, noyée dans les larmes, dut se résigner. Son bonheur passager ne reçut jamais la consécration officielle. Lucien, après avoir plaidé inutilement la cause des amou-