Variétés révolutionnaires

306 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES reux, oubliant tout à fait ses fonctions, arrivait à Paris le 11 juillet. Son frère, furieux de cette nouvelle escapade, pria Carnot de l'envoyer en qualité de commissaire en Corse, espérant que dans l'ile natale il serait moins exposé à la tentation. Effectivement, Lucien se tint coi un an. Mais il en eut vite assez de cette villégiature forcée. Il posa sa Candidature au conseil des Cinq-Cents dans le département du Liamone (Corse méridionale) et se fit élire en juin 1798. La vérification de ses pouvoirs fut épineuse. D'abord, le nouveau député n'avait que vingt-trois ans au lieu de vingt-cinq exigés. Une fois de plus, il s'était servi de l'acte de naissance à toutfaire de 1768. Les voix avaient été surprises par l'intimidation ou payées d'un argent d’origine douteuse, sans doute la part de Lucien dans le pillage de l'Italie. La famille Bonaparte remontait sur l'eau ; les campagnes laborieuses de Laætitia et de ses filles dans les ruelles de Marseille étaient oubliées. Fesch venait de commencer sa collection de tablezux en mettant à contribution les musées dela péninsule et en organisant, au nom de son illustre neveu, la dévastation méthodique flétrie par Courier dans sa correspondance. La discussion de l'élection de Lucien donna lieu à un autre scandale : il s'agissaittout simplement de piraterie; un corsaire armé par la famille Bonaparte avait pris un Vaisseau portant le pavillon d'un pays ami et l'avait vendu, une fois les matelots massacrés. Mais ces détails ne pouvaient porter préjudice à Lucien. Le