Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 323 lations avec les agents de l'émigration, découragé par des violences quiannonçaient la fin de cette République consulaire à laquelle il avait cru, Lucien quitta bientôt la France avec sa femme et ses enfants, et se fixa en Italie sans esprit de retour. Ses millions placés en lieu sûr lui garantissaient partout une existence indépendante et fastueuse.

L'ancien garde magasin de Saint-Maximin-Marathon gardait peut-être quelque espoir de rentrer en grâce ; mais le sénatus-consulte du 18 mai 1804, en l'écartant par avance, lui et son fils, de toute succession éventuelle au trône impérial, lui enleva ses dernières illusions. À Rome, il retrouva Fesch, sa mère et sa sœur Pauline, qui travaillaient le pape pour le décider à faire le voyage de Paris à l'occasion du sacre de Napoléon. Fesch tenta une nouvelle démarche pour rapprocher ses deux neveux. Il chercha à amener une rupture entre Lucien et Alexandrine, et l'engagea à se séparer « d’une femme qui n’était pas sa première, de la veuve d’un banqueroutier ». L'heureux époux de la Jouberthon résista, et Talleyrand, chargé de lui communiquer les ordres de l'empereur, lui déclara, au nom de son maître, qu'un frère « méprisable sous tous les rapports » pouvait s'attendre, pour prix de sa désobéissance, à être chassé de tous les pays de l'Europe sur lesquels s’étendrait la domination ou l’influence française. Lucien prit la résolution d’attendre dans les États du pape l'issue, fort douteuse à son'avis, de la lutte que son frère entreprenait