Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 327

prétendants que le maitre voulait lui imposer, en particulier sur le prince des Asturies. La lecture de correspondances interceptées irrita au plus haut point l’empereur, qui, exaspéré des répugnances de sa nièce, la renvoya brutalement à Canino. Lucien ‘ne devait pas tarder à subir les conséquences de la disgrâce de Charlotte. Huit jours après le retour de la jeune fille, il reçutses passe‘ports : par un suprême outrage, celui de sa femme était établi au nom de Mme veuve Jouberthon. Lucien mit en sûreté son énorme fortune, ses diamants, ses tablaux, et s'embarqua à Civita-Vecchia pour l'Amérique, avec ses sept enfants. Le mauvais temps obligea le vaisseau à relâcher à Cagliari; les autorités refusèrent aux voyageurs malades l'autorisation de débarquer. Il fallut reprendre la mer; quelques heures après, les fugitifs étaient capturés par des croiseurs anglais et conduits à Malte. Lucien fut interné d'abord au fort Caselli (24 août 1810), ensuite logé avec les siens dans la résidence d'été des anciens grands maitres ; ils y passèrent paisiblement l'été et l'automne. Le gouvernement anglais envoya enfin des instructions en novembre : il refusait à Lucien l'autorisation de se rendre en Amérique, mais lui offrait un asile en Angleterre. Le 28 décembre 1810, Lucien arrivait à Plymouth et était envoyé à Ludlow, chef-lieu de la principauté de Galles ; six mois plus tard, il achetait la terre de Thorngrowe, dans le comté de Worcester : c'est dans cette résidence qu'il recom-