Variétés révolutionnaires

342 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

mena pendant de longues années sur la France la guillotine et le peloton d'exécution. Les armées françaises, celles de Fleurus, d'Iéna et de Water100, furent licenciées sous les yeux des Autrichiens - et des Prussiens qu’elles avaient si souvent vaincus. Tout ce qui rappelait le glorieux passé militaire de la France, un passé d'hier, était renié et sacrifié par les hommes du drapeau blanc à leurs bons amis les ennemis. Les « brigands de la Loire » se virent traqués comme des malfaiteurs. On remplaça dans les cadres les officiers patriotes mis en demi-solde ou à la réforme, c'est-à-dire condamnés à mourir de faim, par la tourbe sans nom des gentilshommes qui avaient porté les armes contre leur pays dans l'armée de Condé et sous les bannières étrangères, ou trainé leurs bottes éculées à toutes les étapes de l’émigration. On comprend quelles effroyables colères la France sentit gronder dans son cœur à la vue d'une royauté ramenée par les Cosaques, qui sacrifiait le plus pur de notre sang aux caprices de la Sainte-Alliance. Des conspirations sans nombre, auxquelles l'élite de l’armée disgraciée fournissait un personnel nombreux et redoutable, éclatèrent de toute part. La répression fut impitoyable, telle qu'on n'en vit jamais en ce pays, sauf peut-être aux jours tragiques où la Convention luttait pour le salut de la patrie. Mais sous Louis XVIII il s'agissait seulement, en répandant le sang à flots, de satisfaire des rancunes de prêtre et de rassurer quelques courtisans tremblants de peur.