Variétés révolutionnaires

LE CAPITAINE VALLÉ 343

Tandis que Trestaillon et ses émules exploitaient le Midi, assassinant le maréchal Brune à Avignon, le général Lagarde à Nîmes, le général Ramel à Toulouse, le maréchal Ney et le général Labédoyère étaient fusillés à Paris, le général MoutonDuvernet à Lyon; les Faucher, deux frères jumeaux, tous deux généraux de la République, étaient fusillés à la Réole, le général Chartran à Lille; à Grenoble, après l'affaire Didier, vingt-cinq prévenus presque tous notoirement étrangers au complot, étaient fusillés ou guillotinés. En deux mois, la cour prévôtale du Rhône prononcait à elle seule vingt-huit condamnations à mort. Il serait trop long d’énumérer tous les crimes juridiques de cette époque néfaste. M. Henri Dutasta, maire de Toulon, a retrouvé dans les archives de cette ville les pièces d'un procès moins connu, celui du capitaine Vallé, guillotiné le 10 juin 1822. Cette victime obscure de la Restauration méritait d'être tirée de l'oubli.

Armand Vallé, fils de pauvres artisans, naquit à Arras le 18 mars 1785. À quinze ans, il s'engageait dans les guides et passait, en 1804, aux chasseurs de la garde. Il assistait aux batailles d'Eylau, d'Iéna, où il était blessé pour la seconde fois, et recevait après sept ans de services les galons de brigadier. À Friedland, il était frappé d'une balle. En 1808 il guerroya en Espagne. 1 combattit ensuite à Eckmülh, à Essling, à Wagram. À vingt-cinq ans, en 1810, il n'était encore que maréchal des logis. Il chargea à la Moskowa et vit brûler Moscou. Proru