Variétés révolutionnaires

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sion de leurs œuvres et en défende le colportage, comme il prohibe la vente des poisons. Il est interdit d'attaquer le roi et la Charte; pourquoi seraitil loisible d'insulter Dieu, le roi des rois, et la religion, cette charte par excellence? Jadis les auteurs et les éditeurs décrits impies étaient livrés au bourreau. L'évêque de Troyes veut bien condescendre à ne pas faire brüler les libraires, mais il exige qu'on brûle tout au moins les livres. Il traite les philosophes de sépulcres blanchis, ‘de citernes sans eau, les anathématise formellement, eux et leurs lecteurs, en citant Jérémie, Isaïe, l'Ecclésiaste et les Proverbes de Salomon. Il termine en engageant les libraires à éditer les classiques du dixseptième siècle au lieu des philosophes du dixhuitième siècle. L'opération serait excellente selon lui, même au point de vue commercial.

M. de Frayssinous, évêque d'Hermopolis, ministre de l'instruction publique, ne voulut pas laisser à son confrère de Troyes la gloire d’exterminer seul les philosophes. Il prononça à Saint-Sulpice un discours d'une rare véhémence contre Voltaire et Rousseau, contre leurs éditeurs et leurs souscripteurs. Usant d’un artifice de rhétorique sacrée qui permet de pulvériser les contradicteurs bénévoles en la personne d'un bonnet carré posé sur le rebord de la chaire: « Paraîssez, s'écria-il, paraîssez, écrivains impies, je viens vous citer au tribunal du genre humain! Ici, vous êtes dépouillés de la pompe de vos sophismes et de l'éclat de vos phrases