Variétés révolutionnaires

RIVAROL 75

disciple de d'Alembert, qui avait protégé ses débuts littéraires, défendait contre Necker la morale indépendante. Peu après il désavoua, pour plaire à la cour, ces théories philosophiques inspirées par l'étude des encyclopédistes.

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En 1789, Rivarol embrassa naturellement la cause contre-révolutionnaire. Ce n’est pas qu'il eût ni principes bien sûrs ni opinions bien arrétées ; mais ses amis de cabaret et de ruelles appartenaient presque tous à la caste des talons rouges. Il ne pouvait pas faire moins pour son titre de comte, toujours contesté, que de se joindre à la noblesse dont il avait les préjugés et les vices. Très sceptique au fond, il collabora pendant quelques mois au Journal politique national de l'abbé Sabatier de Castres, le traducteur de Boccace, sans s'engager outre mesure. Il reprit ensuite dans le Petit Dictionnaire des grands hommes de la Révolution, « par un citoyen actif, ci-devant rien », ses anciennes victimes de l’'Almanach, toujours habile à manier les personnalités outrageantes. La préface de ce recueil, dédié à Mme de Staël, de même que certains articles anonymes de la Galerie des dames françaises, montre avec quelle perfidie il savait se venger des Célimènes dont les salons lui avaient été hostiles. Là était son véritable terrain.