Variétés révolutionnaires

76 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

Aussi, quand, après les journées d'octobre, la royauté lui parut débordée et impuissante à se défendre par de bonnes raisons, abandonnant les consultations politiques du journal de l'abbé Sabatier et la polémique de principes, il rentra dans les rangs des tirailleurs et porta sa plume redoutable aux Actes des apôtres.

Ce journal, fondé par Peltier en octobre 1789, avec le concours de Suleau, de Champcenetz et de Mirabeau cadet, est assez connu pour qu'il soit inutile d'en parler longuement. Il suffit de dire que les Actes resteront le type du journal à scandale, spirituel et lestement rédigé, mais violent et ordurier, type cher aux classes dirigeantes. Toujours dans ce pays, les gens « bien élevés » ont eu un goût décidé pour les feuilles de ce genre ; c'est la prédilection des palais blasés pour les viandes faisandées. Ces feuilles fleurissent aujourd'hui, grâce à la liberté illimitée de la presse; sous la Révolution, cette liberté n'était pas moins grande, et, sauf quelques menus accidents, des auto-da-fé de numéros allumés dans la rue par les passants, les « apôtres de la démocratie royale » purent pendant deux ans faire sans péril leur malpropre métier. Devançcant Marat dans ses appels sauvages à l'extermination, ils réclamaient « quinze milliers de potences » pour leurs adversaires dès le début de la Constituante, parlant d'empaler les patriotes sur les ruines de la Bastille pour les brûler à petit feu. Ils faisaient des vœux, sur des airs de vaudeville,