Variétés révolutionnaires

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RIVAROL 77

pour l'échec des armées françaises et le triomphe des ennemis, publiant un catéchisme royaliste, véritable guide de l'étranger en France. Les outrages et les menaces à l'Assemblée constituante s'étalent à chaque pas dans leur crudité odieuse. Il faut noter que les collaborateurs de Peltier ont eu l'honneur de trouver toutes les insultes aux représentants démocrates qui ont revu le jour en 1848 et depuis 1871. Quant aux attaques contre les personnes, jamais feuille de la basse démagogie, écrite avec la boue du ruisseau, ne put égaler la verve de ces gais Compagnons qui rédigeaient leurs abominables entre-filets après boire sur le coin des tables du restaurateur Mars. Tous ceux qui à un degré quelconque étaient suspects de tendresse pour le régime nouveau se voyaient accuser de trahison, de lâcheté, de vol, de vices honteux et contre nature ; les femmes n'étaient pas plus ménagées que les hommes ; on prenait à partie chaque jour, Mme de Lameth et Mme de Staël, les attaquant jusque dans les derniers replis de leur pudeur, et l'honnête Mathieu de Montmorency, coupable de sièger parmi les députés qui demandaient de timides réformes, lisait à tout moment dans les Actes qu'il était fils d'un laquais de sa mère. Voilà la note ; en ce qui touche certains hommes comme Mirabeau, dont la vie privée prêtait à la critique et dont l'autorité semblait menaçante aux amis de la cour, on suppose bien de quels abominables outrages les abreuvait le journal royaliste.