Variétés révolutionnaires

88 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

clergé, vint en 1749 à Paris, où elle avait des parents, et y épousa bientôt un domestique, le sieur Rançcon. Elle entra comme cuisinière chez Billard-Dumonceau, payeur des rentes et munitionnaire des armées. La petite Jeanne grandissait et devenait chaque jour plus jolie, plus charmante. Billard, s'intéressant à elle, l'envoya au couvent de Sainte-Aure, faubourg Saint-Marcel, où elle resta huit ans. Aussi pendant ce long séjour dans un couvent bien achalandé, la Du Barry reçut-elle, quoi qu'en aient dit ses détracteurs, une bonne éducation. Elle était plus instruite et mieux élevée que la plupart des femmes de la haute société avec qui elle devait se trouver plus tard en contact.

Au sortir du couvent, en 1758, Jeanne, âgée de seize ans, revient chez sa mère et chez son beaupère Rançon. Sa beauté commence à tourner toutes les têtes. Ici se place l'aventure, peut-être innocente, avec le jeune coiffeur Lametz, sur laquelle les chansonniers et les pamphlétaires broderont à l'envi. Ensuite Jeanne est donnée par sa mère comme femme de chambre à Mme de Lagarde, veuve d'un fermier-général; Mayrobert prétend qu'elle dut quitter cette maison à cause des deux fils de Mme de Lagarde, qui se partageaient ses faveurs. L'examen des dates suffit à prouver la fausseté de cette imputation. Toujours est-il que Jeanne entra bientôt (1760-61), comme demoiselle de magasin, Chez Labille marchand de nouveautés rue Neuve-des-Petits-Champs ; c'est à cette époque