Variétés révolutionnaires

LA VRAIE DU BARRY g1

Jeanne sous les yeux du roi. Au premier regard, sa beauté, son air de douceur et de distinction fixèrent, et pour toujours, le cœur volage de Louis XV.

Mais, par respect pour les convenances, le roi ne devait s'attacher que des femmes mariées. Il fallait donc que Jeanne Bécu dite Vaubernier trouvât un mari. Jean Du Barry, dont la femme vivait encore, ne pouvait pas épouser lui-même sa maitresse ; il la fit épouser à son frère Guillaume. Le mariage fut célébré à l’église Saint-Laurent, de Paris, le 1e septembre 1768, à cinq heures du matin. L'acte officiel vaut d'être examiné de près. C’est un tissu de faux d’un bout à l’autre, suffisant pour envoyer une douzaine de personnes aux galères. D'abord, on invente un Gomard de Vaubergnier (sic), père de la future, qu'on fait mourir, par prudence, à Vaucouleurs, en 1749 ; on transforme Jeanne en fille mineure, et son père véritable, l'abbé Gomard, changeant seulement ses prénoms, représente par procuration la mère et le beau-père Rançon. Les deux Du Barry figurent avec des titres et des qualités usurpés. Les époux étaient séparés de biens par contrat. Le « Roué » reçut plus tard du roi, par personnes interposées, 300,000 livres, sous prétexte de résiliation d'un traité relatif aux vivres de Corse. Au bout de deux ans, la comtesse Du Barry se séparait de corps d'avec son mari, moyennant une pension de 16,600 livres de rente consentie au complaisant Guillaume.

La nouvelle liaison du roi ne satisfaisait pas tout