Zenit

ALHAMBRA

Evgenije Dundek

Zagreb

plešite plešite GORIL VALCER da valcer vi u ernim frakovima majmunska NJUŠKA je vaš najlepši ORDEN svi zvukovi kao da pipaju naša zuta telesa gluvi sie ne čujete trublje anđeoske MUHE u MUHOLOVCI haaaaaaa jeli sladak ŠEĆER? o da vi letíte i aviatičari lete ali muhe ipak nisu aviatičari satkani cvelovi u VAZAMA mirišu tako melanholično svira'u na vašim žutim rebrima kao na harfi pean pun 0 2 aliteracija slušajte kako urlice TRAVA

LE BEL AGONISANT

Jean Epstein

Paris

(fragment) A douze ans j’allais au cours. Et je ne sais plus pourquoi j’étais seul garçon, et si peu, dans une classe de jeunes filles toutes mes aînées. Edwige eut pour moi, moi pour elle, beaucoup d,amitié. Durant les leçons elle dessinait sur nos brouillons des hommes nus avec tous les attributs de leur virilité. Aux récréations nous partagions nos chocolats qu’elle allait chercher par surprise au fond de mes poches. Nous rions, et à rien je prenait de ne m’attendre avec des airs de Sainte-Nitouche auxquels on se prenait bien. Nous rions, mais le soir je m’endormais péniblement. Elles étaient huit, moi neuvième. Au fond je les préférais foutes avec une grande simplicité. Des leçons de danse autorisaient quelques privautés imaginaires. J’étais innocent. Elles aussi d’ailleurs. Cette société ne m’apprit guère qu’à pleurer avec une extrême facilité. Quand mes parents allaient au théâtre ou en soirée, ma gouvernante, la femme de chambre et la cuisinière se réunissaient autour de mon lit. Sur ma demande elles chantaient mes airs préférés. Les paroles étaient même entraînantes. Des pompiers y éteignaient, je me rappelle, courageusement un incendie et sauvaient une vieille paralytique. Cela me mettait les larmes aux yeux. Je leur demandais alors d’imiter les bruits du chemin de fer ce qui me faisait sangloter jusqu’à m’endormir tout à fait épuisé, tandis qu’on me consolait de ces vices. D’avance les voyages huit jours me donnaient la fièvre. A dix ans je lisais le Reichskursbuch sans erreur. Mon orgueil était de par coeur savoir beaucoup d’horaires et je me les récitais comme des fables. Des mots m’enchantaient. Je fus bien déçu quand le Nord-Express m’apparut sans rien d’arctique et la Friedrichsslrasse sans Frédéric entre les jambes de qui on passât comme du colosse de Rhodes. Egypte! Egypte! l’espoir de tout ce sable m’occupa un long hiver. Ambre que je ramassais au bord de la Baltique. Un soir de tremblement de terre je vis le premier film de toute ma vie à Abbazia sur l'Adriatique. Dans le compartiment voisin une amie que je trouve bien embellie, me propose de jouer au solitaire. Alors j’étais insensible à ce beau nom, mais je riais de la voir rire etenduesur sa couchette. Convoitise. Conquête. Décrochés les stores remontent automatiquement. Adieu. En voiture. Tout moi-même pincé sans cri dans une portière. En voiture. Adieu. Ecorché de poignées de

main, les sifflets m’éxécutent de part en part. Midi huit s’attelle aux cinq cents tonnes de mon chagrin. Adieu. Je suis prisonnier de l’horaire, condammê à la distance, privé d’habitudes. Gares. Ponts. Tunnels, Villes ! ViPes où j’ai été, où je suis arrivé. A l’aube, dans le couloir du wagon je me sens sale et froid. Mal au coeur de choses oubliées. Une banlieue contre les vitres comme une femme improviste. Cavalier des rails monotones, ce sémaphore me donne son rond baiser violet. El lève un sourcil cyclope. Un cri de locomotive me mord l’oreille. J’ai toujours aimé les départs. Ce qu’on laisse. Ce qu’on emporte. Je ferme une porte. Les valises ne sont jamais assez grandes. Bon voyage ! Villes, La route de Londres à Brighton est belle aux jours des Bank-Holidays. 92 autos par minute. La Rolls anguille avec son museau de fille glisse comme un foxtrott. Dresde est triste. Dimanche le roi de Saxe entend la messe de dix heures. Et à l’hôtel d’Europe l’ascenseur était mon jouet préféré. Errant et peut-être perdu. Ce n’est pas vrai ; il n’y a plus de patrie. Quatre coups pour le chasseur. Faites expédier: Bien arrivé tendresses. On a mal partout. Je me rappelle très bien. Sur la plage elle s’assit à côté de moi, dans son costume de bain et un bras nu. A travers l’èpiderme des fibres reptiles, devinées et elliptiques. Je ne songeais pas qu’elle était, sauf quelques mailles d’étoffe, nue et médiocre et une enfant. Comme un prodige une tristesse délicieuse montait en moi, prodrome d’éternuement, et me piquait au coin des yeux. Je laissai tomber mon kodak et envahir de sable son obturateur? Je crus que j’allais, paralytique, pleurer. Je ne connaissais pas ce qui m’arrivait. Ma main gauche s’engourdissait. J’avais faim. Ma bouche se coagulait dans mon visage. Je sentais le frondeement de mes sourcils. Je durcissais comme une colonne, moi-même, mâle, immobile et incapable de tendre ce doigt qui aurait suffi pour la toucher. Je [ourdissais. Je me gonflais. Je devenais acquéreur. Le lendamain je reçus d’ltalie une carte postale surglacée. Au dessous d’amants classiques, fleurs et mandoline, on lisait IDOLO MIO idolo mio ! celle tendresse m’éreintait. C’est si simple. J’aperçus un jour le creux de son aisselle qui roussissait comme les brioches de mon enfance, source d’or au creux de l’épaule. Ebloui jusqu’aux os. trempé de détresse, je m’étonnais de la voir tellement immense et si fragile, vénérable et vulnérable, blessé et triomphante. Elle entrait en moi comme une lame, et tant de plaisir me coupait la respiration. Extase taciturne. A ce moment un mot à dire eût été impossible, je souris de douleur, puis restai des heures sans une parole. Je crus un temps que c’était l’amour. Plus tard je compris la nécessité sans appel ni fiançailles. Je n’espérais rien. Une attente de bonheur me berçait comme une valse de barrière. J’aurais été fier de sangloter. Je ne pouvais pas. Je m’aperçus que je n’avais pas d’amis, pas d’ennemis non plus. Indifférent, et, pour bien dire, unique. Des sentiments inemployés gonflaient la barque sans gouvernail. Les sentiments fixes, comme chez d’autres les idées, empêchaient de dormir. Je rêvais. Ma première Sodomě bien trop chaste fut enfant de choeur entre deux messes. L’abbé m’embrassait au front. Des rhétoriciens en flanelle parfumée de tennis m’assuraient dans les escaliers d’une bien tendre camaraderie. J’aimais leurs beaux mouchoirs de soie et cette confiance que je prenais en eux. Innocent, c’est tout juste si je connus des lèvres, á côte des miennes, comme un dérivatif.

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