Bitef
ona se dogada u izmiśljenom svetu pozorišta. To je jedino mesto na svetu gde između pozornice i sale, kroz prekrasnu zaveru, gube smisao gore i dole. Počev od maski, jasno! □ Le Matin, Patrick Ferla
Don Juan Ah! Charlotte, je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Vous me faites grand tort de juger de moi par les autres; et s’il y a des fourbes dans le monde, des gens qui ne cherchent qu’à abuser des filles, vous devez me tirer du nombre, et ne pas mettre en doute la sincérité de ma foi. □ Don Juan, Acte 11, scene 2
Don Juan dans la biographie de Molière Lorsque Don Juan est représenté pour la première fois le 15 février 1665, Molière est âgé de quarante■trois ans. Après avoir voyagé de 1645 à 1658 à travers la France avec sa troupe, il s’est installé à Paris, au Petit-' Bourbon tout d'abord, puis, celuici ayant été démoli, à la salle du Palais-Royol. Depuis son retour, il a écrit et représenté quelques-unes de ses grandes pièces: Les Précieuses Ridicules; L'Ecole des Maris; Les Fâcheux, une comédie-ballet jouée devant le roi; L'Ecole des Femmes; L’lmpromptu de Versailles; Le Mariage forcé, composé avec Lully et présenté au Louvre en 1664. C'est également en 1664 que la Confrérie du Saint-Sacrement, avec l'appui de la reine-mere, fait interdire Tartuffe, avant même que la pièce ne soit terminée. Cette interdicition ne sera levée qu'en 1669. Pendant les huit années qu'il lui reste à vivre après la création de Don Juan, Moliere déploiera une activité prodigieuse, dirigeant sa troupe, jounat, écrivant une quin-
zaine de pièces et de divertissements, parmi lesquels Le Misanthrope, Le Médecin malgré lui, L'Avare, Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes et enfin Le Malade imaginaire. □
Aux oubliettes pendant 176 ans. . . 15 février 1665. Création de Don Juan au Théâtre du Palais-Royal. Immense succès. 20 mars 1665. Derniere de Don Juan après 15 représentations (recettes sans précédent). 17 février 1673. Mort de Moliere. 12 février 1677. Premiere représentation du Don Juan de Thomas Corneille, transposition expurgée, en alexandrins, de la pièce de Molière. 1682. Edition mutilée de Don Juan (oeuvres de Molière, tome VII, par Vinot et La Grange), 1683 Edition du texte intégral (Amsterdam). 1694 Edition du texte intégral (Bruxelles), 1699 Edition du texte intégral (Berlin), 1819 Première édition du texte intégral en France (Auger éditeur). 17 novembre 1841 Première représentation du Don Juan de Molière dans sa version authentique au Théâtre de l’Odéon. 15 janvier 1847 Don Juan de Molière entre au répertoire de la Comédie-Française en lieu et place de la pièce de Thomas Corneille. □
Don Juan Petit historique d’une purge édifiante Le dimanche 15 février 1665, le Théâtre du Palais-Royal affichait une nouvelle pièce de Molière, Don Juan ou le Festin de Pierre. La piece connut un immense succès
et des recettes sans précédent: 2.045 livres la deuxième représentation, 2.390 livres la cinquième, 2.108 livres la sixième, avec une moyenne de 1.624 livres pour les dix premieres représentations. On apprécie plus justement ces résultats si l’on sait que la reprise de L'Ecole des Maris, une quinzaine plus tôt, avait rapporté 250 livres et que le chiffre record est de 2.860 livres pour la première de Tartuffe. Le 20 mars, premier jour du Carême, c’est la fermeture annuelle du théâtre, après quinze représentations. Lors de la réouverture, la pièce - autocensurée par Molière dès la deuxième représentation, le 17 février (suppression de la scène du Pauvre) - a disparu de l’affiche. On suppose que Louis XIV donna le conseil a Molière de ne pas insister, face aux attaques de ses ennemis, dévots scandalisés et faux dévots. (Le Roi renouvela néanmoins publiquement son appui à Molière en faisant accorder à sa troupe une pension de 6.000 livres, ainsi que le titre de Troupe du Roi.). En effet, dès les premières représentations, on avait crié au scandale et un sonnet anonyme s'était mis à circuler dans Paris, réclamant pour Molière un châtiment impotoyable: Il faudrait qu'il fül mis entre quatre murailles Que ses approbateurs le vissent en ce lieu, Qu'un vautour, jour et nuit, déchirât ses entrailles Pour montrer aux impies à se moquer de Dieu. Dans le courant d’avril parut un violent pamphlet, Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de Pierre, signé d’un certain Sieur de Rochemont, prête-nom peut-être d'un janséniste (nous en donnons plus loin un extrait). Deux partisans de Molière, non identifiés lui répondirent. (Lettre sur les Observations d'une comédie du sieur Molière intitulée > le Festin de Pierre et Réponse aux Observations touchant le Festin de Pierre de M. de Molière). Don Juan ne fut jamais rejoué du vivant de Molière: le silence qui se fit autour de lui allait durer près de deux siècles... En effet, la pièce que l'on représenta jusqu'en 1841 sous le titre de Don Juan n’était qu'une transcription émasculée, en alexandrins, commise, avec le consentement de la veuve de Molière, par le frère de Pierre Corneille, Thomas. Quelques personnes, écrit ce dernier dans un avant-propos, qui ont tout pouvoir sur moi, m’ayant enga-
gé à la mettre en vers, je me réservai la liberté d'adoucir certaines expressions qui avaient blessé les scrupuleux. Monté pour la première fois le 12 février 1677, qu7atre ans après la mort de Molière, ce texte connut 564 représentations. La véritable pièce, elle, continuait d’être écartée pour des raisons tant esthétiques qu'idéologigues. (Il est intéressant de remarquer qu’à la fin du XVIIIe siècle, Jean-François de La Harpe, qui connaissait Don Juan pour l’avoir lu, considérait la pièce comme une oeuvre mineure: il lui consacra à peine une paqe dans son volumineux Cours de littérature. . .) Etouffé au théâtre, Don Juan le fut également en librairie. Par prudence, Molière renonça à le faire imprimer, bien qu’un privilège eût été accordé, en date du 11 mars, au libraire Louis Billaine. Le texte ne parut qu’en 1682, dans le tome VII de ses oeuvres, par Vinot et La Grange. Sauf en ce qui concerne les premiers exemplaires, déjà sensiblement remaniés par rapport à la version jouée le 15 février 1665 (trois d'entre eux ont été retrouvés), il s’agissait d'une édition gravement mutilée, comportant des coupures importantes et de nombreuses variantes. Outre la scène du Pauvre, il manquait notamment plusieurs phrases de l’apostrophe de Sganarelle aux libertins (I, 2), l'allusion au Moine-Bourru (111, 1), une partie de la tirade de Sganarelle sur l'enchaînement des causes et des effets (V, 2) et enfin l'exclamation Mes gages, mes gages, mes gages! qui terminait la pièce. Ce sont trois éditions étrangères qui fournirent le texte intégral, celui que, selon toute vraisemblance, avaient entendu les spectateurs de le première représentation: l'édition d’Amsterdam (1683), celle de Bruxelles (1694) et celle de Berlin (1699). Mais ce texte semble avoir été très vite oublié. En tout cas, les éditions de Molière, qui se sont succédé au XVIIIe siècle et au début du XIXe, n’ont jamais donné d’autre version que celle, censurée, de 1682. En 1819, l’éditeur Auger a entre les mains un des exemplaires non expurgés de 1682, ainsi que l’édition d'Amsterdam de 1683. Il publie alors pour la première fois Don Juan ou le Festin de Pierre, tel que Molière l'a composé. Mais ce n’est qu'en 1841 que cette version originale va enfin reparaître sur une scène: au Théâtre de l'Odéon, grâce à l’initiative de Robert Kemp, comédien et co-direc-